Enseignement et chronologie : les dates et l' histoire


Il n’y a pas d’histoire sans dates : pour s’en convaincre, il suffit de considérer comment un élève parvient à apprendre l’histoire : il l’a réduit à un corps décharné dont les dates forment le squelette. Non sans raison, on a réagi contre cette méthode desséchante, mais en tombant souvent dans l’excès inverse. Si les dates ne sont pas toute l’histoire, ni le plus intéressant dans l’histoire, elles sont ce à défaut de quoi l’histoire elle-même s’évanouirait, puisque toute son originalité et sa spécificité sont dans l’appréhension du rapport de l’avant et de l’après, qui serait voué à se dissoudre si, au moins virtuellement, ses termes ne pouvaient être datés.
Or, le codage chronologique dissimule une nature beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine, quand on conçoit les dates de l’histoire sous la forme d’une simple série linéaire.

(Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, p. 342)

Réfléchir :
• Quels repères culturels sont vraiment nécessaires aux élèves ? l'unité d'apprentissage habituel est "l'événement historique" : certains sont jugés importants alors que d’autres sont purement et simplement écartés, oubliés à jamais.
• les événements "sélectionnés" sont mis en relation les uns avec les autres sur une ligne du temps (la chronologie), suivant un lien de causalité mais il arrive toujours que des événements se chevauchent, s’enchevêtrent, se pénètrent, s’imbriquent ou s’excluent.
•Comment diviser et organiser l'histoire ? les périodes se succèdent et les thèmes se chevauchent (politique, économie, société, art, sciences et techniques, etc.) :
>soit on subordonne les thèmes à la chronologie, dans quel cas on découpera l'histoire en périodes dans lesquelles on retrouve tout les thèmes; soit l'inverse,
>soit on subordonne la chronologie aux thèmes, dans quel cas on se retrouve avec une liste de thèmes allant de leur origines à nos jours
• les dates : elles ne suffisent pas à faire l’histoire mais elles jouent un rôle important dans sa structuration.
• le découpage systématique de l’histoire en événements entraîne leur décontextualisation (il faut les intégrer dans un contexte social, économique, culturel... ) et leur dénaturation (il faut leur redonner un sens celui de l’époque).
• Comment appréhender : temps long / temps court ; permanence / rupture ; histoire immédiate ... ?
• Comment le temps se construit chez nos élèves : progressivement, affectivement et tardivement ?
• Quelle perception de l’histoire par les élèves : histoire positiviste, relativiste ou négative?

Quelles limites ?
• les élèves ne devraient pas à avoir à connaître plus de 20 à 30 dates par année scolaire (la mémorisation des événements, dates et personnages de l'histoire est surperficielle : on constate que la mémorisation de faits historiques ne perdure guère au-delà de six mois. )
• mieux vaut travailler moins de dates, mais les travailler véritablement
• prendre en considération l’événement comme symptôme pour l’interroger sur son sens, sa fonction en articulation avec le présent.
• éviter toute dérive de démarche systématiquement linéaire

Quelques techniques et pistes de travail pour des activités autour de la chronologie

• demander aux élèves de construire la chronologie d’un personnage ou d'une situation historique en x dates significatives

• faire sélectionner des événements / dates aux élèves par rapport à un sujet et leur demander leurs critères de choix et d’articuler ces dates les unes par rapport aux autres

• donner une chronologie d’un personnage ou d’un événement et demander de produire un texte sur la vie de ce personnage ou sur le récit de cet événement

•Donner une chronologie et demander de recontextualiser les événements

• introduire un/des intrus dans une chronologie ordonnée et aux élèves de les retrouver en justifiant

Faire compléter une chronologie par les élèves tout en respectant la logique de celle-ci

• découper une chronologie aux entrées différentes (histoire culturelle/ politique/sociale par exemple) et demander aux élèves de les replacer dans le “bon” thème

•Donner une chronologie et demander de trouver des thématiques ou
enlever les titres de colonnes à une chronologie et aux élèves de les retrouver

associer un personnage à un événement (ou l’inverse) en justifiant son choix

Comment évaluer des chonologies?

>>l'exemple d'un exercice interactif de SOS HG conçu avec Dreamweaver : chronologie 5° et le tutoriel pour concevoir les exercices

>>L'exemple des modules d'évaluation du Séminaire de Sherbrooke
(le plus souvent exercices conçus à partir de Hot Potatoes : voir le tutoriel de SOS HG)
Page de démarrage des Evaluations avec Exercices avec Hot Pot, le même interactif et un test en ligne

>> l'exemple du site des Débrouillards de nos amis du Québec (site en collaboration avec le Ministère de l'Education du Québec) ) , proposition de construction d'une ligne du temps avec un simple traitement de texte :

Logiciels d'axes chronologiques
Page spéciale "logiciels d'histoire" de SOS HG: présentation avec image écran de 3
logiciels en freeware ou shareware


Sources :
-Sylviane Tabarly,académie de Rennes, interventions sur H français les 14/11/2001 et 31/05/02
-"L'apport de l'Histoire dans l'analyse" Article téléchargeable en .pdf : (dans la rubrique "technologies internationales, n° 78, octobre 2001)
-Les historiens et le temps — Partie I : Les conceptions : http://www.didactique-histoire.net/docs/temps1.html
-Les historiens et le temps — Partie II : et avec les élèves? http://www.didactique-histoire.net/docs/temps2.html
-Voir aussi :
http://perso.wanadoo.fr/papiers.universitaires/ah2.htm
http://tecfa.unige.ch/staf/staf-f/deiaco/staf15/idee_generale.html